HAITI - Témoignage de Michel le Bris (Etonnants voyageurs).

Publié le par DAN

Le témoignage de Michel Le Bris est précieux, l'écrivain français séjournait en Haiti pour organiser la-bas une nouvelle édition du festival "Etonnants Voyageurs" avec quelques écrivains francophones de l'île. Au delà du récit des évènements se sont ses réactions aux a-prioris sur Haiti largement publiés que je retiens ici, non pas dans une intention moralisatrice - mais parce qu'elles interrogent nos préjugés mais encore notre connaissance de cette population. 

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MARDI 12 JANVIER  -   PORT-AU-PRINCE (HAITI)
"Nous étions arrivés, ma fille et moi, le dimanche soir à Port-au-Prince avec trois personnes de mon équipe pour préparer le Festival Etonnants voyageurs qui démarrait le 14 janvier. Nous sommes descendus à l'hôtel Karibé. Toute l'équipe était à l'hôtel,  y compris les écrivains 
Dany Laferrière et Rodney Saint-Eloi.

Ce mardi, en attendant la voiture qui devait passer nous prendre à 17h30 pour l'organisation du festival, j'étais en train de travailler dans ma chambre, ma fille également. Deux membres de l'équipe, ainsi que Dany Laferrière étaient sur la terrasse.

Quand la terre a tremblé, vers 16h50, j'ai eu l'impression d'avoir vu le poste de télévision, que j’avais allumé cinq minutes auparavant, bondir vers moi, juste avant la première explosion. C'était sûrement faux, ça devait être simultané. J'ai cru à une explosion, puis j'ai compris que c'était un tremblement de terre. Tout s'est mis à danser, les murs se fendaient, ondulaient, explosaient, des blocs dégringolaient de tous côtés, le sol dansait. J'ai sauté sur mon ordinateur pour sauver les mille pages de mon prochain bouquin ("Le dictionnaire amoureux de l'exploration"...) et un travail en cours sur un inédit de Stevenson. J’ai entendu la voix de ma fille Melanie, passant devant ma porte «  Ça va ? » Elle était sauve, c’était l’essentiel.

Michel Le Bris (Etonnants voyageurs)

"Et bien sûr, allant avec, on retrouvait les articles habituels sur le malheur d’Haïti, l’île maudite, la "fatalité haïtienne". Fatalité ? Il faudrait quand même rappeler que ce pays, nous l’avons, méthodiquement mis à genoux, ruiné. Les Haïtiens sont premiers qui se sont libérés de l'esclavage en 1793. Ils sont les premiers à avoir battu en 1803 une armée envoyée par Napoléon pour reprendre l’île et y restaurer l’esclavage. On leur a fait payer, au sens propre : 150 millions de francs-or de l'époque imposés par Charles X comme prix de la reconnaissance par la France de l’indépendance de l’île — plusieurs milliards de dollars d’aujourd’hui. 150 millions de francs-or pour que les esclaves dédommagent les propriétaires esclavagistes qui s’estimaient "lésés" ! Le prix a été réduit plus tard à 90 millions de francs — mais les Haïtiens ont dû emprunter la totalité de la somme, avec des intérêts de 20 %, somme gagée sur la production de canne à sucre. Bref, nous avons tout fait pour briser ce pays qui ne s'en est jamais remis : c’était l'île la plus riche de toute la Caraïbe. Alors, quand j'entends certains commentateurs parler de fatalité, j'ai envie de les étrangler."

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Publié dans MONDE

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