Roger Planchon.

Publié le par DAN



"Roger Planchon a vu le jour le 12 septembre 1931 à Saint-Chamond, petite ville de la Loire, qui vit naître également le fameux anarchiste Ravachol.

De cette première «légende sanglante», il gardera une certaine défiance à l’égard des pouvoirs en place. Mais la vraie figure initiatique, ce sera celle d’Antonin Artaud. «J’ai été possédé par Artaud, j’ai compris qu’à travers lui, je pouvais lire le monde – expérience adolescente», observera-t-il plus tard, quand Brecht aura ravi la place du Momo.

L’Ardéchois aime aussi Rimbaud, dont il récite les poèmes. C’est sans doute parce «qu’on n’est pas sérieux quand on a 17ans» qu’il décide de se consacrer au théâtre à cet âge-là. Il forme très vite sa première troupe et remporte en 1950 un concours de théâtre amateur avec Bottines, collets montés. Deux ans plus tard, il s’installe rue des Marronniers, en plein cœur de Lyon, dans une salle – le Théâtre de la Comédie – de 120 places.
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Pilier de la scène française d’après-guerre, défenseur d’un «théâtre service public» fort, Roger Planchon était aussi un metteur en scène inventif, à qui l’on doit un Dandin et un Tartuffe de référence. S’il fut le passeur de Brecht, il devait s’en détourner – sans l’abandonner – après 68 en transitant d’un théâtre critique à un théâtre de la description. Certains lui reprocheront d’ailleurs de ne plus jurer que par Bob Wilson, l’anti-Brecht.

Quoi qu’il en soit, Roger Planchon aura beaucoup fait pour l’émergence d’une nouvelle génération de metteurs en scène, tel Patrice Chéreau, qu’il appellera à ses côtés à la tête du TNP de Villeurbanne (leurs relations y seront parfois houleuses…). Il aura également tâté du cinéma, en jouant dans pas moins de huit films (Molière, Le retour de Martin Guerre) et en réalisant Dandin (1988) ou encore Louis l’enfant roi (1993)."
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Marie-George Buffet, secrétaire du PCF: «Il était de ces hommes issus de la Résistance pour lesquels le théâtre et l’art ne se laissent pas réduire au divertissement mais sont des instruments d’émancipation des masses, comme il disait. Roger Planchon nous manquera (communiqué).»

La Tribune de Genêve, L. CHIUCH, le 14 Mai 2009.

« J'ai une profonde admiration pour Charles Dullin qui, jusqu'à la dernière minute, a continué à monter sur scène, répondait Roger Planchon à ceux qui s'interrogeait sur la longévité de sa carrière, sur sa difficulté à décrocher. Je fais partie de cette race de comédiens qui veulent rester dans la mêlée ».

Il faut voir dans cet acharnement, le triple héritage de la terre, du prolétariat et de la guerre. La terre de la haute Ardèche où l'ancien patron du TNP a passé son enfance, les ouvriers de Saint-Chamond que l'adolescent servait dans le bistrot que tenait son père, la Résistance à l'occupant allemand qui lui a valu une décoration. Ces épreuves ont trempé son caractère, lui ont donné la force de mener le combat de la décentralisation théâtrale et de défier le pouvoir pour décrocher les subventions nécessaires à ses projets.

« A 14 ans, j'étais un voyou qui rêvait de faire du cinéma », nous avait-il avoué lors de la sortie de « Apprentissages mémoires », le premier volet d'une autobiographie qui est restée inachevée. Le fondateur de Rhône-Alpes Cinéma a en partie réalisé ce rêve, en créant le réseau des CNP et le Studio 24,.."

Le Progrès de Lyon, Antonio Mafra, le 14 Mai 2009

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