Estienne d'Orves - la lettre lue par vous, de la resistance.

Publié le par DAN



Nous n’entendons pas privilégier les « nôtres », ce serait faire injure à leur mémoire. Mais nous devons être des veilleurs, afin qu’ils ne soient pas oubliés. Afin que les jeunes générations puissent peser tout ce que nous leur devons !

Etait-ce si simple pour un officier de tradition, marié et père de cinq enfants ?
Le lieutenant de vaisseau Honoré d’Estienne d’Orves, fervent catholique et royaliste, chef du renseignement de la France Libre, un des premiers résistants à tomber sous les balles de l’occupant. Fusillé vers 06H30 le 29 août 1941 au mont Valérien, auquel il convient d’associer la mémoire de son neveu David Régnier, membre du réseau de résistance Défense de la France, dirigé par Philippe Viannay (qui fondera l’École de voile des Glénans), fusillé par la Gestapo le 19 juin 1944.

Les Manants du Roi. 



Lettre adressée à sa sœur, la veille de son exécution :

« Maintenant, je vais dormir un peu. Demain matin nous aurons la messe. Que personne ne songe à me venger. Je ne désire que la paix dans la grandeur retrouvée de la France. Dites bien à tous que je meurs pour elle, pour sa liberté entière, et que j'espère que mon sacrifice lui servira. Je vous embrasse tous avec mon infinie tendresse. Honoré »

 

Amiral,

Je vous exprime mes profondes excuses pour mon départ brutal. J’en ressens profondément la tristesse. Je suis attaché par toutes les fibres de mon cœur à la marine et à ce bateau dont j’aimais tant l’équipage. Permettez moi de vous dire aussi comme j’étais à vous qui avez su sauvegarder, ces jours derniers, notre vie et notre honneur.

Vous devinez mes sentiments. J’ai été élevé dans le culte de la Patrie – mes camarades aussi j’en suis sûr - mais 1870 et 1914 ont tellement marqué sur mes parents et moi-même que je ne puis concevoir l’asservissement actuel de la France.

Sans me permettre de juger le Département, je ne puis me croire qualifié pour reconstruire la France ainsi qu’on nous le propose.

Tant qu’il y aura une lueur d’espoir je combattrai  pour débarrasser mon pays de l’emprise de cet homme qui veut détruire nos familles et nos traditions.

Mes ancêtres se sont battus jusqu’au bout, je ne puis faire autrement que de les imiter.

Si j’ai attendu si longtemps, depuis l’armistice, c’est que j’ai voulu d’abord, ne pas m’en aller sans ce désarmement à la suite duquel  le travail de l’Etat major sera plus réduit. Et surtout, à la suite de l’affaire d’Oran, je n’eusse voulu à aucun prix servir dans la Marine britannique.

Il m’a fallu trouver un chef français indépendant. Je l’ai trouvé hier et vais me ranger sous ses ordres.

Je sais, Amiral, à quoi je m’expose. Je vous demande seulement que ma désertion soit annoncée d’une façon telle que les autorités allemandes qui contrôlent le lieu de résidence de mon épouse et de mes quatre enfants, n’en soient pas avisés. Cela est évidemment fort difficile étant donnée l’emprise de ces gens-là sur les autorités françaises.

Excusez Amiral cette trop longue lettre qui paraît un plaidoyer.

Je sais qu’il est inutile auprès de vous. N’y voyez que la marque d’un profond attachement et l’expression d’un dévouement  très respectueux.

d’Estienne d’Orves.

 

Que la France soit belle et combattante !

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Publié dans SOCIETE

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