Royalisme social - Les luttes ouvrières écrivent l'avenir de la France.
"Christian Estrosi avait déclaré que «Philips n'est pas un patron voyou, Philips n'est pas Molex», mais jeudi matin, à la suite d'une rencontre à Bercy avec les syndicats du site de Dreux, le ministre s'est dit «choqué par la brutalité» du groupe." 20Minutes 19/02/10 | |
PHILIPS - La victoire judiciaire des salariés de l'usine Philips de Dreux pourrait être une nouvelle étape dans la lutte que mene les salariés pour sauver l'outil de production soumis à délocalisation. La chronologie des luttes ouvrières que nous offre chaque mois la Revue Critique offre un tableau de la France qui résiste "bec et ongle" aux politiques néo-libérales de liquidation du tissu industriel et de paupérisation des classes populaires. Dans cet esprit critique largement inspiré par Proudhon nous sommes attentifs aux signes de renaissance des idées autogestionnaires, ou comme le Comte de Chambord, défenseur des droits syndicaux avant même qu'ils ne fussent admis par nos institutions bourgeoises, attentifs à l'espérance de voir le monde du travail accéder aux libertés des communes. | |
".. Quelles leçons les travailleurs en lutte et leurs organisations syndicales peuvent-ils tirer de cette année explosive ? Il apparaît en premier lieu que les salariés ont décidé de ne plus se laisser faire. Face à des équipes patronales extrêmement déterminées, en particulier dans les sociétés sous contrôle étranger, la seule réponse possible, c'est le plus souvent la force. Cette stratégie de l'affrontement a généralement payé: chez Sony, chez Caterpillar, chez Molex, aujourd'hui chez Alten, les équipes de siège rentrent dans le jeu, rouvrent les négociations, déjugent l'encadrement local, finissent par signer des accords de reclassement ou par accorder des indemnités acceptables. Même dans les conflits les plus désespérés, comme chez New Fabris à Chatellerault, la mobilisation impose à l'Etat d'intervenir et de débloquer la situation. Troisième leçon précisément: la violence ouvrière conduit le politique à reprendre ses droits, elle force les élus et les pouvoirs publics à assumer leurs responsabilités. A de multiples reprises, on a vu des députés UMP renier leurs engagements libéraux et prendre parti pour les salariés en lutte dans leur circonscription. Les seuls moments où le gouvernement a senti les limites de son discours patronal, c'est lorsqu'il s'est trouvé dans l'obligation d'arbitrer des conflits sociaux de grande ampleur. | ".. On assiste également au retour d'une vieille idée qui nous est plutôt sympathique, l'autogestion. Le 7 janvier dernier, 150 ouvriers, cadres et ingénieurs du site Philips de Dreux, sous procédure de licenciement, décidaient de prendre le contrôle de leur usine et de poursuivre à leur profit sa production d'écrans plats LCD. L'expérience avait toutes les raisons d'inquiéter le groupe Philips, qui procède un peu partout en Europe à des restructurations sauvages et qui n'a nul envie de voir les salariés s'approprier ses stocks, ses sites et ses machines. C'est pourquoi huissiers et gros bras sont entrés en action mardi dernier pour reprendre le contrôle de la production, en menaçant les meneurs de poursuites. Dans le souci d'éviter des affrontements inutiles, le "contrôle ouvrier" a été provisoirement stoppé, mais il a toutes les chances de reprendre dès que les conditions le permettront à nouveau. Les milieux syndicaux, les partis de gauche et de nombreuses associations "alternatives" suivent de près les évènements de Dreux, qui pourraient prendre la même valeur symbolique que le combat des Lip, en 1973, à Besançon." |
PUBLIE La gestion participative aux usines Berliet de lyon - "La Révolution prolétarienne" (Février 1948) | |
Le 20 Avril 1865 L'opinion publique a le pressentiment d'une crise prochaine. Les ouvriers le partage, et l'expression de leurs voeux après l'exposition de Londres suffit pour nous en convaincre. Il m'a semblé que le moment était venu de leur montrer que nous nous occupons de leurs intérêts, que nous connaissons leurs besoins, et que nous avons à coeur d'améliorer, autant qu'il est en nous, leur situation. En conséquence, j'ai pensé qu'il était utile d'appeler l'attention et la sollicitude de nos amis sur cette grave question. (...) L'Assemblée constituante ne se contenta pas, ainsi que l'avaient demandé les cahiers, de donner plus de liberté à l'industrie, au commerce et au travail; elle renversa toutes les barrières, et au lieu de dégager les associations des entraves qui les gênaient elle prohiba jusqu'au droit de réunion... La liberté du travail fut proclamée, mais la liberté d'association fut détruite du même coup. De là cet individualisme dont l'ouvrier est encore aujourd'hui la victime. Condamné à être seul, la loi le fappe s'il veut s'entendre avec ses compagnons, s'il veut former pour se défendre, pour se protéger, pour se faire représenter, une de ces unions qui sont de droit naturel, que commande la force des choses, et que la société devrait encourager en les réglant. (...) L'individu, demeuré sans bouclier pour ses intérêts, a été de plus livré à une concurrence sans limite, contre laquelle il n'a eu d'autre ressouce que la coalition et les grêves. Jusqu' à l'année dernière, ces coalitions étaient passibles de peines sévères, qui tombaient la plupart du temps sur les ouvriers les plus capables et les plus honnêtes, que la confiance de leurs camarades avaient choisis comme chefs ou comme mandataires. ... En même temps que se constituait par le développement de la prospérité privée une espèce de privilège industriel qui, tenant dans ses mains l'existence des ouvriers, se trouvait investi d'une sorte de domination qui pouvait devenir oppressive, et amener par contre coup des crises funestes. ... (...) Quand aux remèdes, voici ceux que les principes et l'expérience paraissent indiquer. A l'individualisme opposer l'association; à la concurrence effrenée le contrepoids de la défense commune; au privilège industriel la constitution volontaire et réglée des corporations libres. Il faut rendre aux ouvriers le droit de se concerter, en conciliant ce droit avec les impérieuses nécessités de la paix publique, de la concorde entre les citoyens et du respect des droits de tous. .. (...) En un mot, ce qui est démontré, c'est la nécessité d'associations volontaires et libres des ouvriers pour la défense de leurs intérêts communs. Dès lors, il est naturel que, dans ces associations, il se forme sous un nom quelconque des syndicats, des délégations, des représentations, qui puissent entrer en relation avec les patrons ou syndicats de patrons pour régler à l'amiable les différends relatifs aux conditions de travail, et notamment au salaire. Ici, la communauté d'intérêts entre les patrons et les ouvriers sera une cause de concorde, et non d'antagonisme. La paix et l'ordre sortiront de ces délibérations, où, selon la raison et l'expérience, figureront les mandataires les plus capables et les plus conciliants des deux côtés. Une équitable satisfaction sera ainsi assurée aux ouvriers; les abus de la concurrence seront évités autant que possible, et la domination du privilège industriel resseré en d'étroites limites. (...) Laissant une entière liberté aux débats et aux transactions, elle (l'autorité publique) n'interviendra qu'amiablement, et à la demande des deux parties, pour faciliter leur accord. Elle sera toujours en mesure de réprimer sévèrement les troubles, les manoeuvres et les désordres. Des commissions mixtes, des syndicats de patrons et d'ouvriers, pourront se rassembler sous son égide pour entretenir les bons rapports, et prévenir ou vider les différends. (...) En présence surtout des difficultés actuelles, ne semble-t-il pas que, fidèles à toutes les traditions de son glorieux passé, la royauté vraiment chrétienne et vraiment française doive faire aujourd'hui pour l'émancipation et la prospérité morale et matérielle des classes ouvrières ce qu'elle a fait en d'autres temps pour l'affranchissement des communes ? ...) Le texte complet est disponible sur : le site a déménagé ..? | |
"... en 1864, la loi Ollivier abolit le délit de coalition et autorise de fait le droit de grève. Les syndicats ne sont cependant légalisés qu'en 1884 avec la loi Waldeck-Rousseau, qui comporte encore plusieurs restrictions." Wikipedia |